Le Vercors me manquait, mais quel nouveau sommet découvrir ? Quand j’ai vu sur biv’ qu’il y avait 10 topos pour le Baconnet, je n’ai plus hésité : va pour cette crête face au Veymont et au Mont Aiguille. L’itinéraire de Véro m’a paru à la fois très simple et très attrayant, je l’ai donc adopté, et me voilà parti le lendemain matin pour St Michel les Portes.
Toute cette journée fut un enchantement. Certes le Baconnet, petite bosse au milieu de plein d’autres presque aussi hautes que lui sur une longue et superbe crête qui suit les ondulations de la falaise, n’est pas spécialement esthétique en soi, mais quelle vue grandiose de là-haut en tous sens !
Et puis c’est vrai :
- que le départ depuis St Michel est un excellente mise en bouche (ou plutôt en jambes) ;
- que la montée hors trace du hameau de Chauplane jusqu’à la crête, dans un océan de fleurs, est un régal ;
- que la chevauchée de la crête, de son début jusqu’à la croix de St Paul, avec ses "faux sommets" successifs de part et d’autre du vrai (heureusement qu’il y a la borne à 1808m, à côté du misérable petit tas de cailloux qui fait office de cairn sommital !) en est un autre (de régal…).
Vu personne jusqu’au sommet, à part une habitante de Chauplane qui m’a aimablement renseigné sur le slalom à faire entre les maisons pour parvenir jusqu’au pied des alpages (prendre à gauche dès qu’on débouche au hameau (panneau à gauche), mais quitter presque aussitôt ce chemin et monter à droite, puis à gauche (chemin herbeux), puis contourner la dernière maison par la droite jusqu’à un petit portillon à côté d’une astucieuse cabane dans un arbre à plusieurs troncs).
Au sommet, où on tutoie à la fois le Veymont et le Mont Aiguille (impressionnant !), avec toute la chaîne du Vercors qui se déroule à droite du sud au nord, j’ai croisé quelques parapentistes (hollandais ?) désoeuvrés dans l’attente de vents favorables (qui viendront un peu plus tard, puisque je les ai revus dans les airs depuis la Croix de St Paul).
Une fois à la Croix, pour le retour, j’ai fait une infidélité à Véro, puisque je suis resté scotché en permanence sur le sentier le plus haut en contrebas de la crête (jusqu’à son retour à la crête tout au sud), ne pouvant me résoudre à quitter cet itinéraire de rêve éveillé au milieu des centaines de milliers de fleurs, avec pour seul bruit le bourdonnement continu des abeilles, face au Mont Aiguille de plus en plus proche… Le rêve (un avant-goût du paradis, s’il existait…) a culminé voluptueusement dans la sublime redescente sur Chauplane, mais s’est brutalement interrompu dès la première clôture électrifiée, au-delà de laquelle le troupeau de bovins (tous affalés côte à côte pour une sieste réparatrice) avait hélas consciencieusement brouté la totalité des fleurs (là où les vaches passent, les fleurs trépassent…). Dur retour à la réalité, mais néanmoins transition en douceur avant la plongée sur Saint-Michel, totalement assoupi lui aussi dans la chaleur estivale de cette belle fin d’après-midi.