Nous avons du monde à midi, il faut rentrer tôt et ça tombe bien, la météo annonce une dégradation orageuse dès midi. C'est donc de bonne heure que je commence la marche dans ce splendide massif que sont les Bauges, c'est vert comme si le coin ne souffrait pas de la sécheresse actuelle. Un agriculteur est justement en visite dans le terrain le plus propice à l'atterrissage. Je lui demande son autorisation puisqu'ici le parapentiste n'est pas toujours le bienvenu. Il est tout à fait d'accord si je me pose au plus près de la route, ça tombe bien, EDF a viré la ligne électrique existante. Je plante donc ma flamme et en avant la rando. Plus loin un charmant petit jardinier, étonné de voir un marcheur si matinal, me tape la causette, il commence à me raconter sa vie, une vie passionnante. Mais au bout de quelques minutes je coupe court à son récit en lui annonçant les orages de l'après midi, il n'en croit pas ses oreilles, il n'y a pas un nuage à l'horizon.
Toutefois au fur et à mesure de mon avancée vers le sommet, des nuées sont apparues, d'abord diaphanes, elles ont vite pris de l'extension. Quand j'arrive au col, ce sont de gros cumulus qui surplombent le sommet. Alors je passe la vitesse supérieure et caracole sur la longue crête qui mène au point culminant. Le ciel est maintenant tout gris, la lumière baisse de minute en minute alors pour me garantir un retour par les airs, je n'attends pas le sommet et commence à déplier le parapente sur un beau replat. Il convient de bien préparer l'aile car après 10 mètres de course, c'est la falaise ! Il ne faut pas se rater.
Quand la légère brise passe de face, je gonfle la voile et cours vers l'abîme. L'envol est une formalité. Quant au vol proprement dit, il ne durera pas longtemps, j'évite soigneusement tous les thermiques, c'est que j'ai un gueuleton sur le gaz moi. Atterrissage parfait à deux mètres de la flamme plantée ce matin. Au dessus les nuages sont désormais noirs, le ciel peut nous tomber sur la tête maintenant que le vol est terminé.