Aujourd'hui ce sont les Bauges qui nous attirent, un joli petit massif au nord de Chambéry, et plus particulièrement le Margeriaz. Sa topographie est parfaite avec ces chaleurs caniculaires. En effet, toute la montée se passe à l'ombre du versant ouest. Certes le petit sentier est raide mais, dans la fraîcheur de la brise descendante, on ne ressent pas trop la chaleur étouffante de la vallée. Une fois au col de la Verne, il ne reste plus qu'à suivre vers le nord la loooongue crête en arc de cercle qui s'étire jusqu'à la cime. Cette configuration permet d'avoir à l'aplomb du sommet de larges pentes ensoleillées dès la première heure.
Si les 800 m de dénivelé à l'ombre nous ont paru faciles, la crête interminable en plein cagnard est terrible pour le moral. Les 300 derniers mètres sont aussi énergivores que les 800 premiers. Néanmoins le parcours varié au bord du ravin est remarquable, alors autant se régaler du paysage ! Comme prévu, plus on approche du but ultime, plus la brise thermique est forte en raison de l'exposition toujours plus favorable au soleil. Nous posons les sacs au sommet sud et réfléchissons à la stratégie la plus prudente. Un choix cornélien s'offre à nous, soit on s'installe sur les pentes raides, soit on étale les voiles sur le plateau légèrement déversant avant une cassure de pente franche et sévère, façon décollage falaise !
Compte tenu de la brise bien établie, nous choisissons la deuxième option, la voile devrait nous prendre en charge bien avant la cassure. Nous démêlons soigneusement les ficelles et prenons soin de couper les fleurs fanées qui ont une fâcheuse tendance à s'agripper fermement aux suspentes. Hélène se lance hardiment vers la falaise et, comme prévu, sa course ne dure pas longtemps, le thermique lui assure le passage dans la troisième dimension dans les meilleures conditions. Pour ma part, l'envol fut un peu moins esthétique puisqu'un dust au moment du gonflage me tortille la voile si bien qu'il me faut galoper jusqu'à la cassure, vérifier la voûte de mon aéronef avant de me jeter dans le trou ! Sans encombre heureusement !
Sitôt en l'air, c'est l'ascenseur valléen qui me prend en charge à mon tour, une ascendance directement issue de la vallée ! Après quelques aller-retours au dessus de ces incroyables reliefs des Bauges, nous filons vers notre champ favori rasé de près depuis peu et débarrassé du précieux foin dont se nourriront les vaches baujues cet hiver. En bas le soleil est en position pyrolyse, c'est la fournaise. Un tour au lac Saint André est donc obligatoire, on en profitera pour dévorer notre pique-nique largement arrosé de flotte, trois litres seront nécessaires pour étancher notre soif !