Sortie : Dans les alpages de Savoie

Quel plaisir d'emprunter des chemins pour la première fois, la surprise est totale et à chaque bifurcation se pose la question de l'itinéraire. Notez bien que l'Office du tourisme de Champagny a bien fait les choses puisque chaque carrefour est correctement panneauté. Sauf qu'ils font faire au randonneur un détour inutile... On ne va pas se plaindre, l'arrivée dans les alpages est toujours un plaisir. Pour ce qui est du vent, une brise descendante n'incite pas à la joie, certes elle est faible mais pas dans le bon sens pour décoller.

 

Arrivé au chalet de Méribel (pas la station rassurez-vous), bonne nouvelle, le vent météo prend le dessus et remonte maintenant les larges pentes couvertes d'une épaisse couche de végétation. C'est possible de décoller mais bonjour les plantes qui accrochent les suspentes. Le sentier, jusque là bien marqué jusqu'aux chalets, est maintenant sauvage, il faut un nez de pointer pour ne pas perdre le fil de la petite plateforme pédestre planquée sous la végétation. Par ailleurs les sangliers ont labouré le terrain qui n'est plus du tout plat. Bref j'espère secrètement une meilleur topologie pour étaler la voile là-haut.

En arrivant au sommet 1100 mètres plus haut le miracle se produit, je tombe sur une vaste pente débonnaire qui offre par dessus le marché deux orientations de décollage diamétralement opposées ! L'herbe y est rase et le sol parfaitement aplani, le rêve. L'envol sera une formalité vers l'ouest. Le paysage est splendide, surtout de ce point de vue que je ne connaissais pas.

 

Je m'attendais à faire une fléchette jusqu'à Bozel, c'est sans compter sur une intervention divine au dessus de la Tour du Merle, cet incroyable piton rocheux surgit du néant au milieu d'un océan de sapins. Une belle ascendance se déclenche sur le versant ensoleillé de la Tour ! C'est un cadeau inespéré, j'enroule donc avec précaution le thermique inattendu pendant que défile un paysage grandiose, la Vanoise est vraiment magnifique.

 

Préférant éviter les heures trop chaudes pour atterrir, je délaisse mon perchoir pour me rendre tout au fond de la vallée. Commence alors une exquise glissade exempte de toute oscillation parasite jusqu'au dessus de la charmante bourgade savoyarde de Bozel. Ce vol exceptionnel se termine tranquillement sur le grand terrain officiel de l'école Bozailes, il est 11h15, le vent de vallée remonte encore gentiment le lit de la rivière, parfait pour se poser doucement.

 

Il faut maintement remonter en stop à Champagny. Le deuxième véhicule qui passe sera le bon, un combi Volkswagen conduit par une charmante maman accompagnée de ses deux chérubins. Il fallait voir les yeux de plus en plus écarquillés des deux bambins en écoutant le récit dithyrambique de mon vol matinal !