Quel bonheur de retrouver ces montagnes aux formes sensuelles, rondes et cambrées autour des villages nichés dans les profondes vallées. Nous choisissons la Coume de Herrere comme objectif de décollage, c'est au-dessus du petit village de Cathervielle et de Oo, encore dans la pénombre matinale. Au départ nous sommes très inquiets pour Jean-Pierre qui renonce à nous suivre avec le parapente en raison d'un mal de dos lancinant. Quand on voit les conditions de vol excellentes qui s'annoncent, il faut vraiment que ce soit grave pour qu'il ne vienne pas.
La montée est agréable avec la brise thermique qui nous pousse vers le sommet. Des vautours passent déjà au-dessus de la crête enroulant lascivement toutes les ascendances qui se présentent. Là-haut la vue est sidérante, les faces nord des 3000 du Luchonnais juste saupoudrées de neige donnent au paysage une tournure Himalayenne, on en prend plein les yeux. Pour le décollage c'est du gâteau, on ne peut pas rêver mieux, une petite brise thermique nous caresse le visage et facilite le gonflage de l'aile sur ce sommet arrondi.
Quant au vol, ce sera de la gourmandise à consommer sans modération, après avoir radassé le long de la pente jusqu'à la cabane de berger vide de toute activité pastorale, un puissant thermique plein de vautours nous cueille au dessus de l'Homme de Pierre. Jouissives seront les circonvolutions au milieu de ces grands volatiles nonchalants indifférents à notre présence incongrue dans l'azur velouté du ciel de novembre.
Nous tournons avec délectation quand soudain une deuxième Ultralight apparait dans le bleu du firmament, c'est JP qui n'a pas résisté à l'appel de l'air. Il est monté à Peyragudes avant de décoller des antennes pour nous rejoindre dans la danse.
Nous nous retrouvons, hilares, à l'atterrissage de Oo, pleinement satisfaits de cette magnifique sortie totalement inespérée.
On y aime les Pyrénées !