Sortie : Retour aux sources

Quand Jean-Pierre nous a proposé le Cap de Salières nous avons tout de suite adhéré au projet. L'évocation de ce sommet n'est pas sans nous rappeller, à Hélène et moi, de vieux souvenirs. Voilà 35 ans nous montions en Lada Niva vert kaki, conduite avec maestria par mon beau-père, par la belle piste qui grimpe jusqu'au sommet depuis Saint Paul d'Oueil. Nous étions novices dans l'art de voler en parapente et je ne sais pas par quel mystère ma maman nous accompagnait dans cette aventure, elle qui était totalement indifférente aux sports et à la montagne. Quoi qu'il en soit, elle était là avec nous qui n'avions pas 25 ans, intrépides et casse-cou. 

Nous y retournons donc aujourd'hui sans toutefois être assistés par un véhicule tout-terrain. C'est à pied que nous empruntons la magnifique piste qui monte rapidement jusqu'au sommet. Le plus drôle c'est qu'Hélène a maintenant l'âge de ma maman lors de notre précédente visite ! Peu à peu le panorama s'ouvre sur la crête frontalière et ses plus hauts sommets. Un débordement nuageux suspect passe par dessus la Barousse et nous inquiète un peu. Pourtant quand nous arrivons au sommet du Cap de Salières, tous les voyants sont au vert. 

Il est temps de se préparer sous les yeux ébahis des vautours qui transitent par dessus notre sommet. Jean-Pierre décolle en premier pour entrer directement dans une belle ascendance, Hélène le suit avant que je m'élance à leur poursuite. Effectivement les conditions sont fameuses, il suffit de suivre les charognards qui enroulent les thermiques à chaque proéminance de la crête qui s'avance jusqu'à Luchon. Comme hier, le vol est particulièrement agréable dans ce flux délicieusement porteur. 

C'est 1200 mètres plus bas que nous nous posons tous les trois, sur l'immense terrain d'aviation de Luchon étrangement désert à cette époque de l'année. Notre vol aura duré infiniment plus longtemps qu'il y a 35 ans avec nos Astérion.