Nous n'avons encore jamais fait cette belle balade, située entre Replomb et Colon, elle nous avait échappé. La légère brise de nord annoncée ainsi que l'absence quasi miraculeuse de nuages dans le secteur en ce moment décident de nous motiver à arpenter ce vallon que surplombe la lugubre face nord-ouest de la Grande Lance de Domaine. Le sentier pour se rendre au Col du Loup passe par la rive droite du vallon sur le fil de l'arête qui descend de la Grande Lance, traverse juste sous les rochers glacials du pic avant de rejoindre les pentes ensoleillées de la rive gauche, un parcours varié pour s'imprégner des senteurs typiques de Belledonne. Les parfums musqués des vernes et de la végétation annoncent déjà l'automne qui approche à grand pas.
Comme ne pas penser au fameux opéra de Weber, le Freischutz, qui se passe justement dans le sombre vallon de la Gorge du Loup ? Plus nous montons, plus la solitude se fait sentir même si nous croisons là-haut quelques randonneurs lourdement chargés en route pour la grande et sauvage traversée intégrale du massif de Belledonne. Nous quittons les derniers trailers en allant rejoindre le décollage au Col du Loup qui n'est pas tout à fait sur le GR 549 de la traversée. Alors que l'inquiétante brise catabatique déversait sur nos épaules un fort courant d'air glacial, nous voilà maintenant sur le fil de l'arête descendant à notre aire d'envol. Il règne ici une divine brise de face conjuguée à la délicieuse brise thermique.
La configuration pour s'envoler est parfaite avec une belle prairie d'herbe tendre ondulant dans un léger vent de face laminaire. Ça va être du gâteau.
Le vol est effectivement somptueux par-dessus le lac de La Sitre avant de basculer dans le vallon du Grand Pic de Belledonne au-dessus de l'atterrissage de la Gorge. Avec le grand dénivelé et le soleil, la descente est longue jusqu'au fond de la vallée. Ce matin nous avons repéré la manche à air en bordure du terrain et avons bien remarqué les deux chevaux broutant dans le pré clôturé. La présence de la grande flamme nous a semblé être le feu vert pour atterrir ici, hé bien pas du tout.
En fait l'atterrissage est interdit deux fois dans l'année, une première fois au moment des foins, la deuxième en juillet et août pendant la mise au vert des chevaux. Le propriétaire qui passait justement par là est venu nous le signifier. Il est possible de se poser là seulement en hiver ou quand paissent les vaches, après la période des chevaux.
Voilà une très belle balade doublée d'un vol magnifique à n'entreprendre donc qu'en d'automne.