Après avoir volé sur la rive droite du Breda hier, nous avons bien sûr remarqué les immenses pentes arborées en rive gauche, baignées de lumière dès les premières heures de la journée. La quasi certitude de retrouver le même calme olympien qu'hier nous incite à revenir de ce côté de la montagne du Grand Rocher. La multitude de chemins parcourant ses flancs nous permet d'emprunter encore une fois un nouveau sentier particulièrement savoureux sous la canopée. Quel bonheur de marcher dans cette douceur malgré l'hiver qui approche à grand pas. Du frigo du fond de vallée, nous passons lentement à la douceur ensoleillée. Les plus petits ruisseaux sont déjà pris dans la glace vive tandis que les plus gros filent encore sur les roches moussues. Bientôt nous quittons l'étage arboré pour évoluer sur de splendides prairies.
Une fois sur la crête au sud du Grand Rocher, nous avançons vers le sommet pour n'y trouver qu'une belle brise thermique sud-est, constante et accueillante. Nous revenons donc sur nos pas afin de s'installer sur de belles pentes herbeuses parfaitement orientées à la brise montante. Le peu de neige accumulée sous la crête est encore dur, elle crisse sous nos pas tout en offrant une surface parfaitement plane pour étaler nos chiffons volants. Devant nous, la prairie devenue paillasson jauni tremble sous l'effet du doux rayonnement solaire, ça sent bon le thermique !
Le vol sera absolument délicieux, de la moindre combe monte un air chaud et porteur, pas de quoi faire hurler le variomètre mais simplement de se maintenir en l'air face aux vertigineuses montagnes de Belledonne caparaçonnées de glace, on en prend plein la vue comme au cinéma ! En bas les chalets fument doucement, la vie revient peu à peu avec l'apparition tardive de la lumière au fond du vallon. Le petit lac de Fond de France à moitié gelé ne prend plus beaucoup le soleil, seule la grange de l'Épinay brille dans la chaude lumière, de petites fumerolles s'échappent doucement des lauzes et nous renseignent sûrement quant à la direction du vent de vallée. Ça tombe bien nous avons bêtement placé notre flamme à côté d'un gros poteau rouge que nous avons confondu en l'air avec notre petite petite manche à air. On se pose juste à côté de la grange sur une herbe trempée de rosée en cours de dégivrage, le pliage ne pourra se faire que sur la route.
Si pas une seule voiture ne s'est présentée pendant le rangement de la voile d'Hélène, 17 bagnoles se sont présentées pendant le pliage de la mienne ! Faut-il en tirer des conclusions? Quoi qu'il en soit, voilà une sortie parfaitement réussie sans stress et dans la bonne humeur !