En cette fin d’après-midi, la vue sur l’arête allant jusqu’au Chamousset est magnifique !
Et, en regardant bien dans l’ombre, à droite, l’encoche se voit, avec son échappatoire.
Cette photo a aussi valeur de souvenir particulier.
Pour ceux qui connaissent le récit « Un chamois », cette photo correspond à l’endroit que j’ai désigné comme le balcon inimaginable, cet endroit dont j’écrivais :
« De ma position, sur la strate plane, ce que je vois ce sont les dix mètres à venir, droit devant. Ensuite, juste après, c’est le vide, le grand plein air, et le long panorama qui envoie jusqu’au Chamousset, un kilomètre plus loin…
Sur cet angle du balcon, dos au rocher et face vers les infinis du panorama, je sens une vague de joie qui m’envahit, et m’ouvre un immense sourire. »
Ne vous y trompez pas, il n’y a pas continuité entre la position du photographe et l’arête vers Chamousset. Il y a un gros décalage… en hauteur !
En regardant vers le bas, l’impression de toboggan est très nette, et la ligne de fin de l’herbe signifie bien le grand saut par-dessus la barre rocheuse.
La trace que l’on voit est celle laissée par les chamois qui se baladent ici, celle que j’ai remontée. A l’endroit où elle arrive à la limite de l’herbe, cela correspond à la fin de l’échappatoire, venant de l’encoche : vu depuis ce promontoire, cela ne donne pas forcement envie d’aller voir…
Vers le haut, maintenant tout est clair.
Le paysage me paraît bien bucolique.
Ces herbes sont épaisses, parfois souples, encore un peu humides de la nuit fraîche d’octobre. Il faut être prudent malgré tout, car la raideur de ces pentes est surprenante par endroits, et le piolet s’affirme être là l’outil incontournable.
Une fois finis les dix pas qui font franchir le plus étroit, je regarde en arrière, et vois les pentes herbeuses de l’encoche : finalement c’était bien pentu, ce coin !
En bas, à gauche, les voûtes sous lesquelles il a fallu passer, dans le dièdre.
Ici, au pied du mur sommital, bien à l’abri, tout est bien.
La vue est magnifique, l’herbe est verte.
Devant, c’est l’échappatoire. Elle est assez large et rassurante pour que je ne sois pas obligé de faire demi-tour, par le dièdre.
Tout est parfait !!
Voilà : c’est la fin des affaires désagréables.
Faut dire que le dernier pas en adhérence sur une dalle compacte, en me tirant avec les mains aux graviers fins a été un peu…….. ???
Je sais plus !
A peu près à mi-hauteur, je regarde le chemin des chamois. Il est clair que c’était bien trop difficile pour que je m’y risque, mais je les envie de pouvoir aller sur ces passages aériens et élégants alors qu’il me faut renfougner tantôt dans un dièdre de caillasse, tantôt sur des dalles lisses et parfois humides.
Chacun fait selon ses moyens…
Ce n’est guère réjouissant comme endroit.
Les chamois passent, eux, en diagonale de gauche à droite, pour arriver dans la zone au soleil, en crapahutant sur les dalles de rocher solide. Pour moi, ce sera trop raide.
Je me résigne donc à aller dans la gueule du loup, ce « truc » sombre et courbe, sur la gauche. Brrr…
Me voici sur le pierrier d’approche. C’est un des derniers moments où l’on peut voir la structure dans son ensemble : après ce sera fini, tout sera trop grand et trop proche.
Aux jumelles, une trace de chamois est bien visible, dans les quelques nappes d’herbe, en haut et à droite. Le tout est de savoir par où ils sortent … !
Sur cette vue d’ensemble, à peu de chose près au centre, l’Encoche attire l’œil, incontestablement. Ce relief si spécial me donne l’impression qu’un énorme cube s’est un jour détaché de la face, laissant ce creux aux formes tellement géométriques qu’il ne peut passer inaperçu.