Rocher de Lorzier par le pas de l'Aronde et la cheminée de Lorzier

Départ de Pommiers-la-Placette depuis l’arrêt de bus 7000. Il est un peu plus de neuf heures et je suis aussi fluo qu’un trailer de compèt’, le gilet jaune en oriflamme sur mon sac en sus. Précautions finalement inutiles car je n’entendrais pas le moindre coup de feu de la journée.

Arrivé sous Bois Cota, c’est parti pour les 800m de denivellé forestier. Pas de lacets, c’est droit dans la pente jusqu’au Pas de l’Aronde. Ça fait chauffer les cuisses mais au moins c’est efficace ! C’est donc les muscles bien échauffés qu’on aborde le Pas. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le tracé est astucieux à zigzaguer ainsi dans les barres, les vires et les pentes improbables. Le couvert forestier cache un peu les perspectives mais malgré ça, c’est tout de même assez aérien et plutôt exposé ! Quand je vois un chemin pareil, je me demande toujours qui a bien eu l’idée d’aller le tracer…

C’est avec le soleil que j’arrive à Charminelle. C’est beau, paisible et tellement bucolique après la montée austère du Pas de l’Aronde! Les falaises pittoresques du Lorzier se révèle, à gauche la Grande Sure comme je ne l’avais jamais encore vu : sentiment de plénitude, seul au monde dans cette prairie loin de tout. La grimpée jusqu’à la cheminée est tranquille malgré le panneau « accès difficile ». Je suis de plus en plus enchanté par ces paysages du versant Ouest de la Chartreuse que je découvre pour la première fois. J’ai presque envie de me poser là, et jouir de l’atmosphère. Vraiment un bien bel endroit que Charminelle.

La cheminée de Lorzier n’est qu’une formalité en condition estivale et l’arrivée sur la crête est la cerise sur le gâteau. Quel panorama ! Tout réjouit les yeux, de la douceur des alpages d’Hurtière, aux perspectives immenses sur le Voironnais d’un côté et toutes les Alpes de l’autre. Mon âme flâne un peu dans les lointains puis je pars divaguer sur les hauts plateaux, faire un tour du côté du Mollard de la Chaleur puis remonte tout le vallon d’Hurtières jusqu’au col de la Grande Sure en longeant les barres de la rive Est du vallon. Je rallonge le plaisir, pas envie de partir, je me perds exprès au dessus de Velouse, j’entr’aperçois tout en bas le Col de la Placette, destination finale. Il est bientôt 15h, le bus de 17h ne m’attendra pas, il est temps de quitter les lieux.

Arrivé au Pas de la Misericorde, je doute un peu. Je connais bien l’endroit pour y être passer à plusieurs reprises. La dernière fois, il y a quatre ans à l’intersection vers Charminelle, il y avait un panneau. A présent, plus de panneau mais un tronc d’arbre qui barre le chemin. Le sentier par la suite m’a semblé bien moins entretenu qu’à mes précédentes visites. Beaucoup de pierres, de branches mortes encombrent le sentier. J’espère à ce moment là que le câble est toujours en place car il rassure quand même bien dans ce passage très aérien et très exposé. C’est encore le cas (ouf!) mais je reste un moment interdit. Quelques mètres avant la sortie du pas, juste après le câble, un éboulement manifestement récent encombre la vire étroite. Faire demi tour ? Contourner l’éboulement avec les 300m de gaz pour compagnon ? Alors que j’hésite à prendre une décision, j’entends derrière moi que ça parpine sévère. Stop aux tergiversations, l’endroit craint un max, il faut se casser ! J’enjambe l’éboulement avec précautions, concentré au maximum. Alors que je prends le temps tout de même d’une photo, mes lunettes de soleil font le grand saut ! Misère ! La troisième paire que je perds/casse cette saison. Je vois ça comme un tribut à la montagne, bien content que la frayeur soit derrière. Le reste de la descente, à fond les ballons dans la belle chaleur de ce mois de septembre dissipera le malaise. J’aurais même le luxe d’arriver 20 minutes avant le bus !

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