Après la belle session de ski d'hier, rien de tel qu'une journée de repos, et quoi faire sinon du parapente avec ce soleil permanent dans le ciel des Pyrénées ? L'objectif sera tout simplement Superbagnères dont l'immobilité forcée par le virus des remontées mécaniques offre une ambiance de désolation, des pistes damées désertes, aucune animation dans les rues et tous les commerces en berne. Le décollage officiel de la chapelle est malheureusement mal alimenté par une faible brise arrière... Avec la neige profonde cela va être difficile de courir plus vite que le vent... Mauvaise pioche...
Toutefois nous ne saurions nous contenter d'admirer le paysage au demeurant fabuleux, puisque la brise vient du nord ouest, allons à sa rencontre. Nous profiterons de l'absence de skieurs pour étaler les voiles sur la piste bleue du Renard, un décollage improvisé totalement improbable entre perches de canons à neige, télésiège à gauche, tire-fesses à droite et autre guitoune de pisteurs. Si la neige est bien damée, la faible pente demande un bon vent de face qui justement ne fait que faiblir... Jean-Pierre sera le fusible, suivi par Hélène et je fermerai le ban. A la faveur d'une faible bouffe de face, Jean-Pierre nous offre une démonstration de son savoir-faire, la course est longue avant l'envol mais néanmoins efficace. Sa Leaf le porte rapidement au dessus de tout, il disparaît rapidement derrière les arbres.
Entre-temps le vent est totalement tombé, Hélène, qui espérait un soutien des conditions aérologiques, se décide finalement à partir sans un pet d'air. Ce n'est plus cent mètres de course qui sont nécessaires à l'envol, mais le double ! La moitié de la piste du Renard en galopant sera utile pour que ses pieds quittent enfin la neige crissante et que sa belle Ultralite la porte enfin vers la vallée. Quant à moi, je me retrouve seul avec un vent subitement arrière. Une première tentative se solde par un échec lamentable, la voile refuse de monter, et encore moins de me prendre en charge. Il faut revenir sur le plateau, re-étaler la voile et prier pour une amélioration des conditions. Devant l'inefficacité manifeste de mes vœux les plus ardents, j'engage une nouvelle procédure de décollage. Comme la voile daigne monter au dessus de moi, je me lance dans une course éperdue sur la piste du Renard. Je ne dois mon salut qu'à la longueur de mes jambes ! Trois cents mètres de piste me seront toutefois nécessaires pour arriver à mes fins. Heureusement qu'aucun spectateur n'était là pour assister à cette laborieuse cavalcade.
La suite du vol est paisible, je passe néanmoins un coup de fil à Jean Pierre afin de savoir si ma douce est arrivée à bon port puisqu’il est impossible de la discerner dans ce paysage hivernal. Mon vario bipera enfin de l'autre côté de la vallée au dessus du petit village de Cazarilh. Quelques buses variables tournent d'ailleurs dans d'anémiques ascendances qu'il convient d'enrouler avec application. Nous nous retrouverons bientôt tous les trois sur l'aéroport international de Luchon dont l'unique piste n'a d'ailleurs pas été deneigée.
Une bonne journée de repos !