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Nous avions prévu de repartir en Oisans car, en plus des paysages grandioses, je souhaitais enfin découvrir ce lac des Quirlies que nous avions raté faute de temps l'année dernière avec Hervé (on s'est pris un "but" diraient les montagnards à la page). Mais comme bien souvent, la météo s'est invitée comme problématique principale pour le choix de la destination et finalement, nous nous sommes mis d'accord pour partir dans le Vercors. Les prévisions donnaient en effet des orages possibles le jeudi puis de la pluie et ce particulièrement en Oisans les jours suivants. De plus, Thomas ayant ses grands-parents qui ont longtemps habité le Vercors, le Grand Veymont était un peu un mythe qu'il n'avait pas encore pu atteindre...
Jeudi 18 - de Chichilianne à la Tête Chevalière par le Pas de l'Essaure
Nous sommes partis vers 6h après un réveil à 4h45 et nous sommes arrivés à Chichilianne vers midi. Le temps avait été particulièrement mauvais entre Lyon et Grenoble nous faisant craindre le pire mais finalement il s'est amélioré en arrivant dans le Trièves. Nous sommes donc partis sous le soleil en direction du Pas de l'Essaure puis le temps s'est vite recouvert : tant mieux car la montée est un peu raide et nous aurions eu trop chaud, c'était parfait comme ça. J'avais gardé d'ailleurs un assez mauvais souvenir de la montée au Pas mais finalement j'ai trouvé qu'il se faisait bien. En arrivant au Pas, le temps était nettement plus frais et venteux et nous avons commencé à suivre la crête (assez spectaculaire, j'étais toujours passé par le sentier principal qui est moins beau) en direction de la Tête Chevalière où nous comptions bivouaquer le soir. Nous avons très vite eu une averse mais elle n'a pas duré trop longtemps heureusement. En passant dans le dernier vallon, nous avons fait un saut à la fontaine du Greuson mais elle était à sec ; heureusement que nous avions fait le plein des gourdes avant de partir ! Nous nous sommes mis légèrement sous le sommet de la Tête Chevalière pour bivouaquer, le temps paraissant pour le moins instable. Thomas a néanmoins eu une remarque bien réconfortante : "dans 3 jours, on se dira peut être : finalement le jeudi c'était vraiment la belle journée...". La nuit s'est en fait très bien passée : pas de vent et un magnifique clair de Lune sur le plateau et la vallée, un décor vraiment féérique comme bien souvent ici.
Vendredi 19 - de la Tête Chevalière au pied des Veymont par le vallon de la Queyrie
Le lendemain, je me suis levé un peu avant 6h30 et le lever de soleil pendant que Thomas faisait la marmotte. Le temps était largement dégagé mais néanmoins assez brumeux donc je dois dire que c'est le moins beau des levers de soleil auxquels j'ai eu droit à la Tête Chevalière. Du côté est, les seuls reliefs nets étaient ceux du Dévoluy et les Ecrins étaient noyés dans la brume. Cependant il y avait quand même la magie de cet endroit et un moment j'ai aperçu quelques chamois qui étaient à proximité de la mare un peu plus bas. Il devait y avoir deux ou trois adultes et trois jeunes ; à chaque fois en tout cas que j'ai bivouaqué ici, les chamois étaient au rendez vous ! Ils m'avaient bien sûr repéré mais je n'ai pas chercher à me rapprocher pour ne pas les inquiéter, les jeux des jeunes m'intéressaient déjà bien aux jumelles ! Ils ont fini par descendre une crête à l'est de la mare donc j'ai fini par y aller et j'ai frémi en approchant : il y avait des bruits impressionnants de caillasse tombant et pour cause, ce passage était vraiment très raide et en rochers et éboulis complètement pourris. Ces animaux ont vraiment des capacités surprenantes... J'ai ainsi surpris les trois jeunes qui ont alors fini de descendre les gradins rocheux pourris dans des grands bruits de chutes de caillasses. Je les ai regardés un moment en bas puis je suis revenu pour réveiller Thomas, il était quand même 8h30 !
Nous avons replié le bivouac après le petit déjeuner puis nous sommes descendus immédiatement de la Tête Chevalière par un petit passage entre les pins qui nous a amené sur le plateau juste en dessous de la Tête et nous en avons fait le tour avec à nouveau de beaux points de vue sur la vallée et le Mont Aiguille dans une ambiance sympa entre les pins et les vaches. Nous sommes ainsi arrivés au Pas de l'Aiguille où il fallait absolument ravitailler en eau avant de continuer étant donné que la fontaine de Greuson ne coulait pas et que nous n'avions donc plus de réserves. Ce fut un peu laborieux de trouver la source que je ne connaissais pas n'en ayant jamais eu besoin : il y a un gros captage qui aboutit directement dans un abreuvoir pour les animaux donc pas très tentant, plusieurs petits creux à proximité ont un peu d'eau suintante mais pas de quoi remplir des gourdes, il y a aussi un petit ruisseau sur le plateau mais là encore il n'est pas très tentant vu le piétinement des vaches... Finalement, Thomas a repéré que l'eau sortait d'un tuyau qui m'avait paru à sec et nous avons ainsi pu ravitailler. Il n'y avait d'ailleurs pas que de l'eau à sortir mais aussi des sortes de vers minuscules ... et là Thomas a fait le gros dur : il a refusé de mettre du micropur mais de mon côté je me suis empressé d'en mettre (l'eau était quand même parfaitement claire mais bon). Nous avons également passé un moment avec des jeunes poulains encore en âge de têter leur mère et Thomas a vite approché l'un de ces amusants poulains.
J'avais projeté ensuite de passer par la crête des rochers du Parquet pour rejoindre la fontaine des Bachassons mais l'ayant examinée depuis la Tête Chevalière, cela m'a paru un peu paumatoire donc nous avons pris le chemin classique qui passe au pas de l'Ours puis longe Tourte Barreaux avant d'arriver à la bergerie de Peyre Rouge et enfin de déboucher dans le vallon de la Queyrie. Le vallon de la Queyrie était toujours aussi beau avec pas mal d'edelweiss. Nous avons fini de le remonter puis nous sommes arrivés à la fontaine des Bachassons qui coulait un peu faiblement mais quand même heureusement assez bien. Thomas a alors eu le courage de se laver avec même un shampoing, le tout avec une eau glaciale, un vent glacial et un air bien frais... Un sympathique randonneur est d'ailleurs alors arrivé et nous a entretenus un moment en remplissant sa gourde. Il a d'ailleurs bien remarqué que l'eau était froide "ça fait plein de buée sur la bouteille" mais il n'est pas pour autant descendu à l'autre tuyau que Thomas lui avait signalé ce qui aurait permis à Thomas d'en finir plus vite... Le type a fini par un encouragement "je vais à la cabane des Aiguillettes qui est minuscule mais si vous avez vraiment trop de pluie cette nuit, je me pousserai pour vous laisser de la place". Trop aimable mais on veut attaquer le Grand Veymont tôt pour espérer être au sommet avant les nuages.
Nous avons donc longé la crête en direction du Veymont, j'en ai profité pour descendre un peu le Pas du Fouillet voir sa tête et finalement, c'est en effet à éviter avec des enfants. Nous avons continué jusqu'à dépasser une ondulation herbeuse entre le Petit et le Grand Veymont pour pouvoir commencer rapidement le lendemain et être en même temps à l'abri du vent d'ouest qui sévissait depuis le début. Il y avait de quoi être raisonnablement optimiste pour le lendemain : si le sommet du Grand Veymont était resté dans les nuages toute la journée à partir de 10h, nous pourrions peut-être arriver avant au sommet et de plus je me sentais optimiste côté météo pour le lendemain. Nous avions mis le réveil à 6h30 et il était convenu que je regarde d'abord le temps avant de réveiller Thomas... Au cours de la nuit, j'ai senti aux parois de la tente qui bougeaient que le vent était passé au nord puis j'ai été réveillé par une forte averse mais qui n'a heureusement pas duré plus d'un quart d'heure.
Samedi 20 - Petit et Grand Veymont puis retour au Pas de la Selle
Le réveil sonne donc à 6h30, j'entrouvre la tente et là grosse surprise : nous sommes en pleine purée de pois, la visibilité est de quelques mètres ! Inutile de dire que je laisse donc dormir Thomas puis finalement nous changeons un peu de programme : je retourne faire un plein d'eau à la fontaine des Bachassons pour ne pas avoir à ravitailler à midi puis nous commencerons par le Petit Veymont. Si nous avons (beaucoup) de chance, le temps se lèvera peut-être un peu l' après-midi pour le Grand.
Nous remontons donc dans la brume vers le col entre le Petit et le Grand Veymont et nous y arrivons assez vite. Nous achevons rapidement jusqu'au sommet du Petit Veymont et c'est vraiment une grande déception pour moi : la brume est toujours aussi dense alors qu'il y aurait eu un si beau point de vue original (j'avais potassé ça dans le livre de GLaG). Nous redescendons finalement sans espoir d'éclaircie pour le moment et nous mangeons un peu avant le chemin qui remonte au Grand Veymont par sa face sud. Le temps s'est légèrement relevé depuis le matin et nous apercevons des vautours fauves qui planent au dessus de nous au son de sifflements de marmottes qui résonnent dans les parois rocheuses.
Le grand moment arrive pour Thomas et nous attaquons le Grand Veymont, avec même un peu de soleil ce qui rend la face sud presque trop chaude. Le contraste est assez saisissant en basculant sur la crête à l'ouest qui se trouve bien exposée au vent et à la brume. Je suis étonné de croiser quand même une dizaine de personnes avec ce temps peu intéressant mais il y a quand même une récompense : un vrai troupeau de bouquetins paisiblement installés sur le chemin et dans les vires de la face est. Quel contraste avec les chamois si farouches, là nous pourrions presque toucher les bouquetins (une trentaine d'individus, des femelles et des jeunes). Thomas arrive le premier au sommet et nous nous réconfortons par une gorgée de Chartreuse et quelques barres.
Nous redescendons par le chemin de montée et je constate que le front nuageux s'est relevé aux alentours de 2200m. Je ne résiste pas et je retourne au Petit Veymont pendant que Thomas garde les sacs. Je ne regrette pas ce deuxième passage et je trouve au retour un bouquetin mort au pied de la falaise est du Grand Veymont : l'explication aux nombreux vautours de ce midi ?
Finalement, la météo annonçant de la pluie pour le lendemain, nous préférons renoncer à notre bivouac au pied du sommet de Peyre Rouge trop exposé à ce vent du nord et nous descendons à un endroit plus abrité un peu avant le Pas de la Selle. Des troupeaux de moutons sont rassemblés mais l'un d'entre eux est perdu à proximité. Thomas, en bon berger, ramène au troupeau la brebis égarée (mais qui repart aussitôt...) pendant que je prépare la tente hâtivement car il est tard et le froid tombe très vite.
La nuit, la météo nous joue de nouveau un sale tour : le vent tourne à l'est et nous sommes en plein exposés ; les rafales fortes me réveillent en me plaquant la toile sur la figure. Je dors d'autant plus mal que j'ai arrimé la tente sans insister la veille tellement nous étions bien abrités. De plus, les chiens de bergers aboient furieusement plusieurs fois au cours de la nuit. Pour finir au bout d'un moment, c'est la pluie qui arrive et je me rendors en espérant que l'averse sera finie au petit matin.
Dimanche 21 - du Pas de la Selle à Chichilianne par le col de l'Aupet
Hélas le réveil est bien morose : il y a une pluie battante qui n'a pas vraiment cessé de la nuit... Nous prenons prudemment le petit déjeuner dans la tente puis nous y préparons toutes les affaires. Le mauvais moment arrive : nous en sortons en vitesse et la rangeons tant bien que mal et nous partons rapidement vers le Pas de la Selle. Le temps est un peu mieux en bas du pas mais reste tout de même bien médiocre, je serai vite trempé. Nous descendons du col de l'Aupet en essayant de ne pas glisser dans la boue puis nous arrivons à la Richardière. Nous fonçons alors vers Chichilianne en passant pour des fous je pense (entre la dégaine et la marche rapide en faisant claquer les batons !). Nous retrouvons heureux la voiture et nos affaires propres alors que la pluie cesse puis c'est le retour à la civilisation!
Cela a été en effet la plus mauvaise météo qu'on ait eue jusqu'à présent mais heureusement cela a surtout été le cas le dernier jour ! Le problème c'est que quand on part on n'a la météo fiable que sur les 2 jours suivants et c'est difficile de tout changer au dernier moment... On avait failli le faire pour l'Oisans il y a 2 ans : à 2 jours du départ j'ai préparé un itinéraire plus soft en Chartreuse puis les prévisions ont rechangé et nous y sommes quand même partis. Mais finalement pas trop de regrets : la semaine suivante à notre virée dans le Vercors il avait continué à pleuvoir beaucoup sur la région de Grenoble et cela avait fini par des éboulements dans Belledonne je crois.
Sympa de nous faire partager ta virée mais la météo semble vous avoir bien pris la tête! :roll: Tu as un concurrent "météo" de taille sur bivouak qui répond au doux nom de Francky...
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