La Tournette depuis les Prés Ronds via le Chalet de l'Aulp

Quelques jours au bord du lac d’Annecy pour clore nos vacances, une exceptionnelle semaine de beau temps : je n’allais pas laisser passer l’occasion de monter enfin à la Tournette, dont le "fauteuil" me tendait les bras chaque matin en face de notre chambre, tout là-haut dans le ciel…

Après avoir choisi pour cette découverte l'itinéraire "normal" depuis les Prés Ronds, j'ai effectué le 28 août une brève reconnaissance, qui n'a pas dépassé les première falaises, la météo étant pour le moins dissuasive.

Je suis donc reparti dès le lendemain, à la faveur d'une journée splendide. Tout seul, j’aime bien randonner seul, une vieille habitude... C’est un tout autre plaisir que celui, certes tout aussi intense, de faire une rando à plusieurs. Mais dès le parking, voici un quidam qui dès mon arrivée gare sa voiture (74) à côté de la mienne (42), chausse, ferme sa voiture en même temps que moi, et part d’un pas décidé, au même moment que moi. Vais-je attendre qu’il ait pris du champ, pour ne pas marcher sur ses talons ? Non, ce serait ridicule ! Je le suis donc, à petite distance, d’autant qu'il s’engage résolument dans le sentier (qu’il semble bien connaître), négligeant le large chemin empierré qu’empruntent ceux qui ne craignent pas d'abîmer les pneus de leur bagnole jusqu’au col de l’Aulp… Zut, il s’arrête pour régler ses bâtons ! Obligé de le dépasser, je lui lance niaisement "Problème de bâton ?". Il me répond "Ben oui, j’en ai un qui est plus court que l’autre", et me voici donc devant lui… J’allonge le pas, pour creuser un peu la distance. Mais rien n’y fait, car bientôt le revoici, quasi sur mes talons… Au Col de l’Aulp, impossible de se tromper, pas besoin de cairns, le sentier qui se raidit est balisé un peu partout par plein de silhouettes de randonneurs qui montent au-dessus de nous. "On" s’y engage donc résolument, lui toujours derrière. Mais bientôt je crève de chaud, je m’arrête pour enlever ma polaire ! "Eh, ça chauffe !", lui dis-je, toujours aussi inventif, lorsqu’il me dépasse. Sourire, petite réponse convenue, et me voici donc à nouveau derrière lui. Je me dis qu’après tout ça peut ne pas être inutile d’avoir devant soi un "guide" qui semble bien connaître l’itinéraire. Mais insensiblement il creuse l’écart, car il grimpe visiblement un poil plus vite que moi. Arrivé au refuge de la Tournette (fermé), je le vois loin devant, point rouge qui progresse sous les immenses falaises. Je continue du même pas métronomique, et puis soudain, au détour d’un virage du sentier, le voici à l’arrêt, me regardant venir, comme s’il m’avait attendu pour me montrer la suite de l’itinéraire, moins évident, nettement plus rocheux et plus raide dorénavant. Sourire, petites phrases, et nous voilà repartis cette fois-ci, lui devant, moi derrière, on ne se quittera plus, on se parlera de temps en temps, d’abord de la beauté de l’itinéraire, du temps fabuleux, puis, à l’occasion de petites pauses, de choses plus personnelles, de souvenirs de randos, etc. Au sommet, on sort nos provisions, on admire la vue fantastique (un rêve, en l’absence totale de brume). Lui, c’est la 5e fois qu’il monte jusque là, il ne s’en lasse pas. Je le comprends, c’est un régal cette rando !

On redescendra ensemble, et au col de l’Aulp on s’arrêtera au chalet pour boire un coup, et échanger, détendus, des infos plus personnelles sur nos vies, notre boulot, nos plaisirs, nos loisirs… Puis viendra le bout de sentier jusqu’à nos voitures respectives, et là, une fois tout rangé, un peu maladroitement, on se salue, je lui demande quand même son prénom, il s’appelle Franck.

On a fait une superbe rando ensemble, on a appris à se connaître, à s’apprécier, c’était sympa de faire ça à deux, finalement. Mais on ne se reverra plus. Salut Franck, et merci !