La dernière fois que j'avais vu le soleil ça remontait à loin... Il avait neigé toute la semaine en montagne et là, pour ce premier WE des vacances scolaires de la zone B, il faisait beau : grand bleu. Je voulais en profiter moi aussi... Sauf que le Samedi est désormais proscrit pour deux mois, parce que je n'ai pas envie de faire plus de bouchons que de randonnée dans une journée de randonnée... Donc départ programmé le Dimanche. En regardant les webcams du Vercors le Samedi, et en voyant spécifiquement celle de la terrasse d'un café de Villard, usuellement déserte mais qui ressemblait cette fois à une ruche, j'avais décidé de me rendre dans des coins aussi déserts que possible...
Damien m'accompagne, Julien ayant renoncé pour des mobiles mesquins. L'avantage, c'est que nous partons dans les temps, à 11h00, pour une arrivée sans trop de circulation à la Plagne à 13h00. Précision utile toutefois, la route est enneigée dès lors que l'on quite la départementale. Usuellement, je ne suis pas opposé à faire les deux derniers kilomètres à la scandinave, mais là, j'ai chainé... Mes super chaines en plastique Michelin que je recommande à tous. Je l'ai surtout fait par prévision des manoeuvres qui seraient inévitables quand il faudrait se garer à la Plagne. Il y a du monde, un serpent de voitures s'étend du parking habituel jusqu'à la fromagerie, soit une petite centaine de mètres...
Nous débutons notre marche à 13h15, d'un bon pas. Le premier segment est toujours aussi raide et nous l'avalons en une petite cinquantaine de minutes. Damien apprécie un rythme soutenu qui conduit à se taire et à maintenir son effort. Nous avions prévu de manger une fois au Col de l'Alpette, mais il y a du monde, trop de monde... Donc nous décidons de continuer et de nous arrêter après les cabanes, quelque part à proximité du GR. Juste avant la bergerie, nous croisons un groupe. Ils ont passé la nuit sur place, ils sont 25. Et une dizaine de personnes s'y est ajoutée. Passer une nuit à 35 dans cette cabane, personnellement, ça se rapproche de ma conception de ce que l'on nomme "univers concentrationnaire"...
Nous poursuivons notre route jusqu'au Habert des Barraux. Il y a du monde partout. On devient une machine à dire "bonjour !", des bonjours tous plus enthousiastes et enjoués les uns que les autres...
Nous faisons une pause vers les ruines au Habert des Barroux pour nous restaurer. Le beau ciel bleu limpide de notre arrivée est envahi de nuages qui laissent présager que le coucher de soleil sera contrarié. Alors que nous terminons de faire bombance, un randonneur solitaire descend du Pinet. Je me renseigne auprès de lui et nous réalisons que nous nous sommes déjà croisés ici, exactement au même endroit, dans les mêmes circonstances, alors que je montais et qu'il descendait, lors de nos dernières venues respectives le 6 janvier. Nous reprenons notre route, en suivant une trace très intelligente, très douce qui nous conduit sans heurt au Pinet. Au final, il nous aura fallu 2h30 tout juste.
Il n'est que 16h00 et le coucher est prévu à 18h13. Il va donc falloir attendre un bon moment. Des nuages s'accrochent aux falaises du Granier où à la crête du Fouda Blanc. L'athmosphère vaporeuse change en permanence, laissant apparaître au gré des mouvements des brumes la vallée ou les plateaux. Les sapins sont enrobés de neige et l'ambiance est sublime. Je me dis qu'avec un peu de chance, ces nuages seront colorés par les faisceaux du couchant. Il y a toutefois toujours ce petit voile qui me chagrine. Damien, lui, a froid aux orteils. Moi, j'ai confié les miens à mes chaussettes islandaises et je ne crains personne.
Une fois le soleil couché (contrarié par ce voile et par causalité transitive pas aussi merveilleux que je l'espérais), nous amorçons sans trainer notre descente. La température chute à mesure que nous entrons dans la nuit. Elle atteindra -11° au niveau des Haberts. La cabane de l'Alpette est déserte, contrairement à ce que j'aurais pensé. J'espérais un beau ciel étoilé, mais la demi-lune réfléchit trop de lumière. A cela s'ajoute le fait que des nuages s'étirent rapidement. Bref, pas de regret de n'être pas resté plus longtemps au sommet, sinon celui d'avoir charié le trépied pour rien. La portion finale de descente entre Alpette et Plagne permet de regagner rapidement des degrès : il fait -6° à la voiture que nous atteignons à 20h00. Nous avons mis 1h25 depuis le Pinet.
Nous replions tout et entamons notre retour à Lyon...