Sortie : La peste ou le choléra ?

Hier soir la météo est formelle, on a le choix entre la pluie au sud ou les nuages au nord, autant dire entre la peste ou le choléra... Néanmoins, un créneau plus favorable semble se dessiner au sud à la faveur d'un départ très matinal, il s'agit de plier l'affaire avant l'arrivée du front pluvieux.

C'est ainsi que je débarque au petit matin au pied du Piquet de Nantes, le sommet phare au dessus du plateau de La Mûre. Si le ciel est encore bleu, de noirs nuages envahissent déjà l'horizon jusqu'à faire disparaître toute la partie sud du Vercors dans une poisse angoissante et terne. Les prairies sont gorgées d'eau des pluies incessantes de ces derniers jours, une drôle de saison en vérité ! Pourtant la balade est belle, il faut remonter inlassablement ce petit sentier sur cette longue crête qui caracole entre deux massifs, la Matheysine à l'ouest, les contreforts de l'Oisans de l'autre côté, encore tous saupoudrés de neige fraiche.

Au fur et à mesure de l'ascension, les nuages deviennent encore plus sombres, un rideau de pluie se profile au loin dans une grisaille tenace. Peu importe le sommet approche et le vent est parfait, la préparation devra être rapide, c'est une course contre la montre, aurai-je le temps d'atterrir avant la pluie ? La barre de céréale peut dormir tranquille, il n'est pas question de la savourer devant un tel spectacle de désolation. Sitôt au sommet, la voile est dépliée, il n'y a plus qu'à y aller avant que la cime ne soit prise dans les brumes du mauvais temps.

Et hop, me voila en l'air dans un paysage verdâtre, la voile glisse dans l'air humide entre les nuages nimbés de brouillards grossissant à vue d'œil, tout est calme et paisible. Plutôt que d'atterrir au col de Malissol - le bien nommé en ce jour terne - décision est prise d'atterrir plus bas, il n'est pas 10h et j'aurai tout le temps de remonter tout à l'heure. Effectivement, cela n'a pas duré longtemps, le premier véhicule qui passe s'arrête pour me regarder plier la voile, il me remontera jusqu'à ma caisse laissée au col, alors qu'une fine bruine commence à mouiller le pare-brise de la camionnette du bon samaritain.

Une sortie comme en Cornouailles avec le hautbois de Tristan qui résonne dans les brumes maritimes