Pour inaugurer dignement des raquettes toutes neuves, quoi de mieux que la grande classique de notre Pilat : la traversée de ses crêts d’ouest en est (face au Mont Blanc), puis d’est en ouest (face au Gerbier de Jonc et au Mézenc, entre autres) ? Pour nos amis, aujourd’hui, les conditions idéales semblent réunies, à savoir de grosses et récentes chutes de neige et un temps froid et ensoleillé.
Nous voilà donc partis tous les trois (la pauvre quatrième étant provisoirement clouée at home par un petit orteil convalescent…) en ce parfait début d’après-midi. La route est bien dégagée de Sainté jusqu’au Bessat et à la Croix de Chaubouret. Mais après, la petit route qui mène à la Jasserie, quoique ayant visiblement été déneigée (murs de neige des 2 côtés), reste assez encombrée. Un peu juste, mais ma Laguna nous mènera sans encombre et sans équipement spécifique (mais 2 pneus avant tout neufs, ça aide) jusqu’au petit parking 1370 à droite - ouf, il reste une petite place !
On chausse vers 14h30 et on suit la trace (ou pas !), direction la Perdrix toute proche (panneau, au cas où on en douterait !). Il est 14h30, et on n’est pas tout seuls, on s’en serait douté là aussi. Mais ça fait partie de l’agrément de cette sortie familiale très prisée des Ligériens… et d’autres comme on va le voir - si on veut randonner seuls, faut pas venir ici !
D’ici on est vite au sommet de la Perdrix tout proche, et là ça se confirme : c’est bien un jour AVEC, un éblouissement, avec la chaîne des Alpes d’un blanc éclatant, du Mont Blanc au Grand Veymont et au Diois, déroulées devant nous comme dans un rêve d’une exceptionnelle netteté.
La traversée des Crêts commence bien sûr par la petite boucle vers le Crêt de la Chèvre, d’où la vue est encore plus royale car plus rien ici ne l’interrompt. Le sous-bois qui fait suite est comme toujours un petit régal en soi, même si je l’ai déjà vu plus magique encore, avec les sapins ployant sous des tonnes de neige au point qu’on avait presque l’impression par endroits de faire de la spéléo !
Une fois sortis du bois, les crêts (et les montées/descentes) se succèdent… Consciencieusement, on n’en oubliera aucun, jusqu’au Crêt de Botte où on se pose au déco des parapentistes pour un petit café bien chaud… et une petite concertation : vu l’heure (16h40), André serait d’avis de zapper le dernier Crêt (l’Oeillon, une vielle connaissance à nous tous, pas bien loin certes, mais…) et d’entamer le retour. La voix de la raison l’emporte finalement sur ma fascination irraisonnée pour les fins de randos qui s’enfoncent délicieusement dans la pénombre puis la nuit noire… et ce malgré une expérience très "émotionnante", un soir d’octobre 2005, sur les hauteurs du Tromsdalstinden, au-dessus de Tromsø en Norvège – faudra que je raconte ça ici un de ces jours !).
Donc retour cool et sans problème, avec la luminosité doucement déclinante de cette fin d’après-midi. On y sera cette fois presque seuls, comme on s’y attendait, ce qui ne gâte rien. Nous choisissons de refaire à peu près le même itinéraire en crête, afin de profiter pleinement des lueurs déclinantes du crépuscule face aux monts d’Ardèche et du Velay. On décide juste de zapper la Chèvre, et on en profite pour faire une petite boucle hors trace dans une bonne neige souple mais ferme, qui va nous mener à la Perdrix pile poil au coucher du soleil.
Là, dernière pause, magie des lueurs jaunes-orangées du crépuscule sur le Gerbier, le Mézenc et les sucs du Velay, pendant que derrière nous le Mont Blanc s’enfonce doucement dans l’obscurité… Nous prenons notre temps, nous sommes presque tout seuls… mais non, une minuscule souris (ou musaraigne ?) s’affaire dans la neige à nos pieds, totalement indifférente à notre présence. Il n’y a plus au sommet qu’un jeune avec deux chiens tout fous qui courent à toute allure et avec délice dans les pentes de neige sous le sommet. Des jumeaux, vu qu'ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau ? Non me dit-il, un couple de "parents" qui a donné naissance récemment à une petite portée. C’est la première fois qu’il monte au Crêt de la Perdrix, il est du Vercors et fait ses études à Saint-Etienne, et il trouve le spectacle qu’il a sous les yeux tout simplement fabuleux. Moi qui suis éperdu d’admiration pour les merveilles du Vercors, ses falaises grandioses, à perte de vue… je n’en reviens pas !
Retour au parking à 18h15 : super balade sur les crêts, pas la première certes mais parmi les plus belles…