Il me fait bien rigoler Mike Horn avec ses aventures de l'autre côté de la terre alors qu'il suffit d'aller au dessus de Bourg d'Oisans pour vivre des moments intenses et palpitants...
Tout a commencé dans le frigo de la vallée, -4 avec du brouillard givrant. La météo était pourtant formelle, y a qu'à Bourg d'Oisans qu'il fait grand soleil! Tu parles ! Maintenant que je suis ici, y a plus qu'à monter au décollage de Saint Grat qui est mon objectif du jour. C'est un petit sommet au dessus de Villard Notre Dame, on y accède par un joli sentier que je ne connais pas. Rapidement la neige complique la progression, d'autant plus qu'il existe plusieurs courts passages au bord de la falaise vertigineux et pas vraiment sécurisés. Bientôt j'émerge au dessus de la mer de nuages, elle est vraiment épaisse, ce qui n'est pas bon signe pour la descente en parapente. Mais bon, le soleil et la beauté du paysage suffisent eux seuls à mon bonheur. J'arrive enfin à la croix sommitale, l'air est calme et limpide, la neige épaisse et le soleil me réchauffe. Au fond le la vallée la mer de nuages semble tenace mais il est encore tôt, prenons le temps d'admirer la beauté du monde en attendant une hypothétique amélioration.
Au bout de deux heures, je commence à me geler les arpions, pour autant la mer de nuages n'a pas évolué, elle me barre la route en m'interdisant une agréable descente par les airs. C'est ballot les conditions de décollage sont parfaites. Il est 13h c'est foutu pour le grand vol. Toutefois, une opportunité se dessine, voler et se poser au dessus des nuages, c'est court mais envisageable, et puis c'est tellement excitant de déplier la voile. C'est ainsi que je me prépare au vol le plus court de ma carrière puisqu'il n'y a pas 200 mètres de dénivelé avant les nuages ! Tous les voyants sont au vert, au moins j'aurai fait un vol. Une fois dans la sellette, il ne me reste plus qu'à quitter l'épais manteau neigeux. J'attrape une seule ascendance mais elle ne réussira pas à me faire tenir en l'air. 2 minutes plus tard, me voici posé à côté de Villard dans le seul petit champ dégagé. Comme un gosse trop content de son coup, je suis hilare de ce minuscule saut de puce, la vie est trop belle !
C'est en redescendant dans la vallée à pied que je me suis fait vraiment peur. Il faut savoir que Villard Notre Dame est desservie par une route ayant la réputation d'être la plus dangereuse de France. Pour varier les plaisirs je décide de descendre par cette route afin de faire une boucle, il se trouve qu'elle est fermée et je vais vite comprendre pourquoi. Cette route est recouverte de glace et elle passe au millieu d'une falaise. Le haut ne pose pas trop de problèmes puis qu'un chemin coupe les quelques lacets débonnaires. Effectivement le goudron est vraiment recouvert d'une épaisse couche de glace lisse comme un miroir, c'est une patinoire en pente.
La grande traversée dans le falaise sera horrible à descendre. Par moment le seul endroit où il n'y a pas de glace est au bord du gouffre, il reste seulement une dizaine de centimètres à peine praticables entre le goudron, la murette de trente centimètres et les trois cents mètres de vide ! Dans les tunnels c'est encore pire, on y voit que dalle, et c'est toujours en pente. Pire que le train fantôme ! Plusieurs fois je terminerai à quatre pattes pour déceler l'endroit qui agrippe un peu. Il me faudra 30 minutes pour franchir les 2 bornes de passages dangereux, l'horreur absolue.
C'est vraiment pas la peine d'aller de l'autre côté de la terre pour trouver l'aventure, on la trouve aux portes de Grenoble, ce n'est pas pour rien qu'il y a un lieu-dit le Bout du monde, juste au dessus de Bourg d'Oisans