Papangue
27-10-2006 13:54:40

DL du 27/10/2006 Aucun aboiement n'est venu troubler la sérénité des débats présidés, hier après-midi, par le juge Éric Martinville. Les patous qu'avait amenés avec elle la délégation du Syndicat ovin de Savoie sont restés bien sages, à l'extérieur de la salle d'audience. Leurs maîtres, un peu moins. Ils ont parfois grondé lorsque certains aspects du dossier étaient évoqués. Les patous considèrent les troupeaux comme les leurs et les protègent, la profession fait de même avec ses membres. « La personne qui porte plainte dit qu'elle veut pouvoir se promener partout, sans contrainte, comme avant », constate Hubert Covarel, président du Syndicat ovin de Savoie ; « nous ne sommes pas d'accord ». Puisque le loup est là, il faut que tout le monde en prenne son parti, et tienne compte de ce qui est fait pour en protéger les troupeaux... « Ce n'est pas fautif d'avoir un patou, puisque c'est obligatoire » En fait, l'accusation et la défense sont presque sur la même longueur d'onde. Le procureur de la République Henri-Michel Perret est venu lui-même, ce qui est rare devant le tribunal de police, représenter le ministère public, avec une grande modération. « Cette affaire est emblématique, assure-t-il, elle est l'occasion de résoudre une fois pour toutes la question de la responsabilité du berger ». Pour le procureur, la présence en alpage de chiens patous est une tentative imposée par l'État lui-même pour ménager l'équilibre entre préservation d'une espèce protégée (le loup) et poursuite de l'activité pastorale. « On ne peut imposer aux bergers d'être tout le temps avec leur troupeau », reconnaît-il. Bernard Dinez, de fait, était absent, lorsque le lundi de Pentecôte, un de ses chiens a " pincé " le mollet de Stéphane Lambert. C'est la preuve que l'équilibre n'est pas parfait, d'ailleurs la victime n'est pas la première. Les autres randonneurs mordus ne sont pas allés jusqu'à la phase judiciaire, les assurances ont pris le relais. Pour qu'il y ait condamnation pénale, souligne Henri-Michel Perret, il faut qu'il y ait faute, et caractérisée. Et « ce n'est pas fautif d'avoir un patou, puisque c'est obligatoire ». Cela ne l'empêche pas de se questionner sur les faits eux-mêmes. La clôture était-elle assez haute ? La victime, au contraire, est-elle « allée elle-même au-devant de sa mésaventure », d'autant qu'elle fréquentait pour la troisième fois le même secteur et que le patou l'avait vue à chaque reprise ? Il laisse au tribunal le soin d'apprécier les faits en limitant ses réquisitions, si culpabilité devait être reconnue, à une amende de 500 € avec sursis. Me François Bern proteste pour la forme : « on ne résoudra pas le problème en augmentant la taille des clôtures de 10 centimètres ». D'ailleurs, souligne Bernard Dinez, les siennes sont du modèle préconisé par la préfecture, et inscrit dans le contrat qui le lie à l'État, qui lui accorde des subventions en échange des mesures de protection qu'il met en place. « On réclame à cor et à cri la sauvegarde du loup, sans avoir conscience de ce que cela implique », estime le défenseur. Le tribunal dira le 2 novembre si la liberté du randonneur doit rester totale, ou s'il doit lui aussi, par la prudence, prendre sa part de la protection de l'environnement montagnard qu'il est venu admirer. :!:

 

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