Une dizaine de chamois sur les barres de Cédéra (05), au dessus du lac...
La gorge de Colombières vue du col de la Baume de Roucayrol, juste après la vire de Roque Rouge.
Je me retourne.
Un énorme bombé de roches impressionne, là, juste au-dessus. Une escalade parcourt ces fissures qui montent, presque rectilignes, jusqu'au sommet. D’antan j'y serais allé ! J'aurais mis mes mains dans leurs anfractuosités, j'aurais saisi leurs aspérités, et serais sorti, heureux, enthousiasmé, sur les crêtes finales de ces superbes falaises !
Un passage terreux, puis un passage rocheux, puis un balcon ludique, m'amènent vers la fin.
Au même moment où je débouche sur l'arête élégante, un bruit de cavalcade me fait lever les yeux. Un troupeau de 7 chamois vient de me voir, et quitte aussitôt l'abri ombragé de l'auvent sous lequel ils se reposaient. Ils courent droit dans la pente, soulevant un gros panache de poussière qu'une brise de chaleur amplifie faisant alors croire à un petit nuage.
Immobile, je les suis des yeux, et en quelques secondes ils ont disparu sous une barre rocheuse, définitivement inaccessibles.
C'est à peine croyable : l'intermède n'a pas duré dix secondes...
De là s'ouvre un nouveau cirque, plus grand que le précédent, qui monte jusqu'au point culminant de la vire. Au-dessus de cette vire, des surplombs joufflus, d'une couleur gris-bleutée lessivée de larges coulures blanchâtres, dominent. En dessous, le vide se creuse en une barre rocheuse au calcaire fracturé et semblant peu solide. Entre deux, la vire resplendit avec son vert intense, et se resserre au fur et à mesure de son élan vers le haut. La trace quant à elle monte, légère, fine, culottée ! Elle s'approche des surplombs, pénètre dans les sols rouges à la commissure de la vire et de la falaise, et parvient, en un dernier rebond, à atteindre l'arête élégante qui se découpe dans le bleu du ciel...
Après le premier éperon, se découvre un cirque assez grand dans lequel la trace continue à l'horizontale. Bien qu'un peu plus fine, elle reste correcte, ce qui est franchement utile compte tenu de la forte déclivité côté gauche : ici, aucune erreur n'est possible, sinon on glisse et roule loin en-dessous...
Effectivement, dès le départ, la trace est bonne, très bonne. On se croirait sur un GR. C'est splendide !
Encore une photo du fonds de Rafaël Rodon.
Cela va finir par me coûter cher !
Il me semble que le parcours soit plus attrayant dans le sens nord-sud.
Mais dans l'autre sens, il doit être tout à fait faisable, et également joli.