Au coeur de la Matheysine
Le Sénépy offre la particularité d'être un belvédère de premier ordre sur le plateau Matheysin, cette région ouvrière dominée par l'exploitation des mines. Pour je ne sais quelles raisons obscures, j'aime à m'y promener, ses parfums entêtants peut-être, ils rappellent tellement la Provence toute proche. Bref c'est du bonheur que de marcher dans un tel environnement, le seul bémol à ce coin, c'est la brise qui est souvent très forte. La balise FFVL au sommet du Sénépy annonçait des vents tonitruants depuis plusieurs jours, cependant, météo France est formel, le vent tombe aujourd'hui !
Pourtant au petit matin quand je me présente au parking de Mayres-Savel, la balise m'assène encore des rafales à 28 km/h.... l'espoir faisant vivre, c'est confiant que je commence la balade. Ce sommet par ce côté est une longue, mais vraiment longue arête à remonter sans trop de lacets, la monotonie de la direction à suivre rend la promenade un peu laborieuse, mais en prenant son temps, l'altitude est vite acquise. C'est en sortant de la forêt que le doute s'est immiscé dans ma tête, les rafales sont fortes à cheval sur la croupe herbeuse, le pire c'est qu'elle viennent de toutes les directions !
Le dernier arbre, un pin noueux aux formes pétries par les vents violents habituels, montre ses branches secouées par la brise inconstante. Mais cette déconvenue ne saurait me décourager. Contre vents et marées, la destination est maintenue. Bientôt il ne reste que le long plateau herbeux à traverser. Il est encore blanc de neige, mais la progression est facilitée par le gel qui conserve à la neige sa dureté. Ma pugnacité est finalement récompensée car la brise au sommet, bien que Nord, est tout à fait fréquentable. La voile est donc grossièrement étalée dans la solitude sommitale, face aux Buttarias, petit village typique que traversait jadis le petit train de La Mure. Un pas en avant et feu !
C'est pas compliqué, ça monte de partout, le mois d'avril bat son plein. Cependant, voulant éviter d'atterrir dans la vallée une fois que la brise des surfeurs soit établie sur le lac de Montheynard, je préfère lâcher l'affaire avant que le nuage ne m'aspire définitivement. Bien content de pouvoir voler, c'est prudemment vers l'atterrissage que la voile m'emmène finalement. Le poser à côté de la splendide petite chapelle romane est une formalité dans un vent presque calme. Un vol magnifique au coeur de la Matheysine !