Même si je n'ai pas pu décoller du sommet, cette balade restera un bon souvenir, pour deux raisons. La première par l'originalité du parcours effectué, une grande boucle autour du versant ouest que j’appellerais la Face de l'Aigle, la deuxième par la grande solitude de la sortie puisque je n'ai croisé absolument personne sur les 13 kilomètres de sentiers. En laissant la bagnole dans le virage qui surplombe Villard Saint Christophe, rien ne laisse présager du vent qui règne en montagne, une grande quiétude imprègne les lieux, impression renforcée par les chants d'oiseaux variés qui rappellent bien que c'est ici qu'Olivier Messiaen venait sans doute s'inspirer. Le sentier commence en sous-bois sombres et odorants, le résineux embaument l'air. C'est juste avant de sortir à la Croix de Gouret que le verdict est tombé, si l'on en juge aux sifflement de l'air, le vent météo souffle plus fort que prévu. Pourtant un espoir perdure, en effet la météo annonce une petite couche de vent entre le sol et les sommet, alors il faut continuer sans perdre le moral.
La brise pernicieuse n'aura pas décrue jusqu'au sommet. La sanction est formelle, le parapente restera dans le sac. A n'en pas douter, un Chrigel Maurer n'aurait pas hésité une seconde, décollant a l'opposer et contournant le sommet par le nord, il aurait cruiser sur le sommet avant de partir pour d'autres horizons. Notez bien que moi non plus, je n'ai pas hésité une seconde... mais pas pour le même résultat. Sur le petit plateau sommital, a coté du panneau disgracieux du kilomètre vertical, le vent est inexistant, il faut dire qu'il s'engouffre dans les couloirs encaissés au nord et passe par dessus le sommet. Il est 10h du matin, le temps est magnifique, la vue splendide. Après une pause friandise, décision est prise de descendre par l'épaule nord, pour rejoindre la nouvelle piste qui raye la face ouest. Quelques névés facilitent la progression en offrant quelques courts moments de glissades en ramasse. Redescendre par un autre chemin est très agréable d’autant plus que je ne connais pas une partir du parcours, celle qui permet le retour sur Villard.
C'est juste avant de pénétrer dans la forêt en forme d'aigle qu'il faut quitter la nouvelle piste pour emprunter une sente rendue incertaine par les nombreuses traces laissées par les bovins, elle aboutie a une petite cabane, malgré la présence indiscutable d'un berger je n'aurais pas vu âme qui vive, seules les fenêtres ouvertes et une serviette qui sèche atteste de la mise en service du refuge. La suite est plus évidente avec le chemin d’accès a la cabane qui descend vers Cholonge avant de le quitter pour suivre la piste horizontale sur deux kilomètres qui permet de rejoindre la voiture. Marché au milieu des près sur ce chemin en balcon sur le plateau Matheysin fait penser à la longue errance des pèlerins en partance pour Saint Jacques de Compostelle, c'est beau d'avancer ainsi dans un paysage perpétuellement en mouvement au milieu des fleurs de toutes sortes.