Sortie : Le jardin féerique

Que la marche est agréable en ce moment, l'éveil de la nature bat son plein. Le charmant sentier qui grimpe jusqu'au sommet du Grand Serre est un voyage au cœur d'une végétation exubérante. Les arbres sont maintenant vert tendre, habillés de petites feuilles toutes fraîches. Au sortir de la forêt c'est la Croix de Gouret, un promontoire tapis d'un épais gazon parsemé de fleurs de pissenlits. A partir de là, j'avance comme dans un rêve éveillé, les alouettes gazouillent et les marmottes se dressent hors de leur terrier en sifflant. C'est un vrai conte de Charles Perrault qui se déroule autour de moi. Comment ne pas entendre la merveilleuse musique de la Mère L'Oye de Maurice Ravel. Plus haut les chamois dansent une ronde autour de la deuxième croix où les crocus ont remplacé les pissenlits. 

Le dôme sommital est encore couvert de neige, il fait beau, la limpidité de l'air est parfaite, les trois grands lacs de Laffrey sont calmes, les montagnes s'y reflètent parfaitement. Bientôt de petits cumulus décorent maintenant les sommets alentours, il est temps de se préparer à l'envol. Alors, face à une légère brise divinement orientée, j'attends mon heure. Elle viendra rapidement avec un souffle chaud venu de la Croix de Gouret. Sitôt gonflée, la voile me prend rapidement en charge, mes pieds quittent le sol, la voile plane maintenant à ras la pente qui plonge progressivement vers la vallée, avant de s'éloigner définitivement de la terre matricielle, voilà l'apothéose du jardin féerique. 

C'est au dessus du promontoire de la Croix de Gouret que le thermique habituel m'a donné rendez-vous. Je tourne maintenant sans relâche, la valse est lancée. Peu à peu la croix rapetisse pendant que le panorama prend de l'ampleur. Exquises sensations de liberté au dessus de la plaine matheysine. Les lacs sont toujours aussi lisses, signe d'un calme reposant dans la vallée. Alors que je commence mon approche du terrain sélectionné, je cherche sans la trouver cette flamme que j'avais plantée ce matin sur un tas de fumier sous une ligne électrique haute tension pour ne déranger personne. Et bien tenez-vous bien, un quidam est venu la déplacer afin de la placer sur le seul terrain fraîchement semé. Si ses intentions sont sans doute bienveillantes, ce n'est vraiment pas le bon endroit pour atterrir. Toutefois l'indication de la flamme est satisfaisante et j'atterris juste à la sortie de mon terrain avant de poser la voile délicatement sur la route car l'herbe est encore trempée. 

Voilà une balade tout aussi fantastique que la musique de Ravel