Sortie : Les chevreuils du paradis

Il faut vraiment y croire quand on voit le ciel morne et plombé en sortant de la maison, mais il faut se rendre à l'évidence en arrivant à Rochetaillée les experts météorologiques ne se sont pas gourés, c'est le grand beau. Nous laissons donc la grenouille et entamons la marche dans la fraîcheur matinale. C'est vrai que la randonnée est au moins aussi plaisante que le cinéma, on se régale sur ce vieux chemin antédiluvien seulement utilisé par les locaux. C'est le printemps, les fleurs surgissent peu à peu, pendant que chantent les piafs autour de nous. En arrivant à l'Oratoire nous saluons deux employés municipaux en train d'enlever les protections hivernales des monuments, on discute le bout de gras avant de repartir pour la dernière partie.

 

Si la neige a complètement disparu du parcours, elle reste bien présente sur le décollage nord où souffle une petite brise parfaitement orientée pour un retour par les airs. Sans plus attendre puisqu'il est déjà midi nous étalons les voiles sur la neige fondante. Contrairement à Hélène qui décolle à la perfection, je merdouille par deux fois avant de m'envoler dans l'azur. Pour commencer j'ai un tour dans la sellette que je n'arrive pas à démêler sans me défaire de la sellette, ensuite je rate lamentablement un décollage en raison de ficelles entortillées dans mon bras gauche. Après une petite série de jurons provoquée par mon inattention, j'enlève la sellette une nouvelle fois pour remettre le parapente correctement en perdant encore du temps à défaire les nœuds dans ce fatras de suspentes. Hélène a déjà atterri quand je m'extrais enfin du plancher des vaches. Une bonne bouffe de face me facilite grandement la course dans cette neige devenue une soupe infâme.

 

La masse d'air étant plutôt agitée, je ne cherche pas à enrouler quoi que ce soit, je n'ai plus qu'un objectif, retrouver ma belle sur le terrain d'atterrissage. Alors que je fais mon approche face au vent de vallée encore anecdotique à cette heure, j'aperçois quatre chevreuils au bout du terrain, ils ne semblent absolument pas effrayés de notre présence, ils s'égayent joyeusement en se livrant à des joutes entrecoupées de bonds aériens avec une grâce permanente. On se régale de ce spectacle qui durera le temps de plier les deux parapentes !

 

On termine la matinée par un pique-nique au bord de l'eau en veillant à bien serrer le frein à main de la grenouille qui ne demande qu'à plonger dans les eaux paisibles du ruisseau. Trois hérons passeront nonchalants pendant le repas ! Décidément cette rue du Paradis où nous avons atterri est celui des animaux sauvages !