Rochers de la Fesse Lucarne de l'éperon
nord ouest

Situation

La lucarne  du Rocher de la Fesse
  • Altitude départ : 678
  • Altitude sommet : 800
  • Dénivelé : 130
  • Distance : 2 km
  • Temps de montée : 1h
  • Temps de descente : 1h
  • Orientation : Nord-Ouest
  • Balisage : Après avoir quitté le chemin qui mène à la Dent de Moirans, il n'y a pas de balisage
  • Itinéraire :
    • en boucle
  • Accès : Accès par la D218


Proposé le François LANNES

Itinéraire

De Saint-Quentin sur Isère, monter sur le plateau de Montaud par la D218 (évidemment, l'on peut arriver à Montaud depuis Veurey Voroize). Aller jusqu'au hameau "Les Maîtres", et laisser la voiture là.
Prendre le chemin en direction de la Dent de Moirans.
Au bout d'environ une vingtaine de minutes, quand l'on sent que les falaises sont juste à gauche, bifurquer à gauche dans la pente.
Chercher au mieux son passage dans l'étage supérieur de la falaise, jusqu'à trouver ce qui est le plus "faible" du secteur : la chatière descendante. Une fois franchie, continuer vers la droite, au pied de la falaise, sur environ 200 m, et vous trouverez la lucarne.

Précautions

Le passage de la chatière n'est plus à proprement parler de la randonnée. Une corde est utile pour assurer la descente, si besoin Attention au temps humide qui compliquera la progression dans les pentes herbeuses si elles étaient mouillée.

Difficultés

Il n'y a qu'un passage difficile (qui amène à coter si sévère...) : une cheminée d'environ quatre mètres de haut, qui oblige à une descente de spéléologue dans une chatière plus impressionnante que réellement compliquée. Une fois dans les pentes sous la chatière, il s'agit de R4 en forêt avec beaucoup de possibilité de se tenir aux arbres

Commentaires itinéraire

Sortie : Rochers de la Fesse Lucarne de l'éperon nord ouest


Ce dimanche, seule la matinée est disponible.
Bon.
Pour ces quelques heures, une attrayante occupation sera d’aller observer les falaises du flanc ouest du Vercors, et de voir ce qu’elles peuvent, peut-être, receler d’intéressant.
Direction Saint-Romans donc, sur la route nationale de Valence.
Juste après le Bec de L’Echaillon, dans la longue ligne droite qui mène à Saint-Quentin, un petit parking à droite permet une halte-observation. Jumelles en mains, chaque falaise, l’une après l’autre, est passée en revue.
Ce fut un coup de chance qui me fit remarquer, tout là-haut, un trou dans les rochers qui se découpent sur le fond du ciel bleu. C’est sûr : il faut monter voir sur place !!
C’est un changement de programme. Je n’avais pas envisagé d’aller dans ce secteur-là, et n’avais donc pas pris la carte IGN correspondante. L’itinéraire d’approche, qui est complètement différent, en sera du coup un peu compliqué et certainement aléatoire. Ma foi, tant pis : cela mettra un peu de piment dans l’affaire…

Depuis Saint-Quentin sur Isère, une départementale grimpe franchement dans le versant, en direction de Montaud. Le seul repère qui serve efficacement à l’orientation est fourni par les lignes électriques haute tension, celles qui, enjambant la dite-falaise, plongent 600 mètres plus bas, jusque sur l’Isère. Explorant chaque route étroite, presque chaque chemin, je tâtonnais pour me rapprocher du meilleur point de départ possible.
Toutefois, les Dieux du Vercors ne chôment jamais, même un dimanche matin tôt.
Depuis l’extrême sud du massif jusqu’à sa plus septentrionale pointe, ils surveillent tout ce qui se passe dans leur domaine. Ce sont eux, forcement, qui placèrent sur mon chemin un providentiel habitant des lieux. Interrogeant ce monsieur sur le chemin à prendre, voilà qu’au bout d’à peine trois minutes de discussion il proposa, faut-il le croire, d’aller chercher la fameuse carte IGN manquante, et que deux minutes plus tard encore il finit par dire : « Prenez donc la carte pour faire votre balade. Vous la reposerez dans la boite aux lettres, en repassant, à midi ! ».
La proposition était tellement alléchante que j’ai fini par y succomber…
Cherchant à être à la hauteur de ce beau geste, j’expliquais que, plutôt que de laisser la carte dans la boite, je trouvais plus normal de la lui rendre en main propre. La réponse fut simple : « Oh non ! Y a pas de problème ! Vous pouvez la laisser dans la boite aux lettres. Ici, y a pas de voleur ! ».
Pris de court, ne sachant quoi dire de plus, j’acquiesçais sans autre mot. Et déduisais que probablement je n’avais pas, non plus, la tête d’un voleur… !?
Enthousiasmé par un démarrage de journée aussi chaleureux, ce fut tout guilleret que j’entamais la marche, sur les bons chemins cette fois.

C’était comme un jeu de piste.
Trouvera, ou trouvera pas le trou ?
Parvenu en bordure supérieure de la falaise, il fallait maintenant « intuiter » où se trouverait le meilleur accès permettant de descendre au pied du rocher. Un premier ressaut fut facilement descendu, grâce à de courts zigzags dans les calcaires érodés par l’eau.
Ici par contre, et faute de solution plus simple, il fallut se résoudre à emprunter cette chatière verticale. Constituée de deux blocs successifs, coincés dans une fissure, la chatière faisait trois à quatre mètres de haut. Bien qu’un peu impressionnante, elle était ce qui s’avérait de plus réaliste dans les alentours. Fallait y aller !
Finalement la manœuvre ne fut pas si difficile, et le bout de corde employé servit essentiellement pour le moral. Une fois au pied de ce deuxième ressaut, la suite était claire : il suffisait de continuer vers la droite, à l’horizontale.
Dans un sous-bois ici assez clairsemé, la progression était facile. Bientôt, une trace au sol laissait comprendre que les bêtes du coin, elles aussi, traversaient là. Continuant toujours le même cheminement, cela me fit passer sur un court balcon suspendu, très herbeux, et quand même exposé. Quelque pas plus loin, le balcon était coupé par une profonde faille, ce qui obligea à un temps de réflexion avant de pratiquer un enjambement large, sur des blocs coincés dans l’obstacle. Plus loin, un autre balcon. Puis une autre faille à enjamber !!
Que diable !!
Le coin devenait vraiment sympathique… !!
Ne voyant toujours pas le trou repéré depuis la route en bas (une arche potentielle ?) le doute s’insinua. Mais il restait encore un peu de falaise à longer et, toujours à son pied, je continuais à progresser dans l’ombre de ce versant ouest.
C’est là que, tournant un éperon rocheux, et à travers les feuillages denses des arbres, la trouée de roche apparut…
Pas très grande, pas vraiment ronde, elle était comme une fenêtre dans le calcaire formant ici une lame fine. Le soleil, traversant le rocher depuis le côté est, donnait une couleur jaune vif au tableau, presque éblouissante et contrastant avec la pénombre ambiante !
Cela faisait un joli spectacle.

Le plaisir d’être là, d’avoir deviné, depuis la route de la plaine, la présence de cette lucarne dans le rocher de la montagne, le plaisir d’y être ensuite parvenu malgré ou plutôt grâce à ce jeu de piste, faisait de moi le plus heureux des randonneurs.
Que faut-il de plus ?


Pour conserver un souvenir des ces instants, quelques photos étaient nécessaires, évidemment.
La recherche du meilleur angle de vue, pour mettre au mieux en évidence l’ouverture naturelle, demanda quelques manœuvres.
Mais le temps de cette petite matinée filant vite, il fallait repartir, déjà…

Sur le retour, les deux failles, enjambées tout à l’heure, m’intriguaient. Je voulais aller voir ce dont elles retournaient.
L’accès en fut très facile, et en quelques pas c’était déjà l’entrée de la première.
Il s’agissait d’une faille large de quelques mètres seulement, haute de beaucoup plus, et qui pénétrait droit au cœur de la falaise. Elle commençait par passer sous une voûte pour ressortir quinze mètres plus loin dans un jour qui apparaissait blafard, vu de l’entrée. C’était sombre et impressionnant…mais l’envie poussait plus fort que la crainte.
Au bout de ces quinze mètres, comme prévu, c’était un jour moins vif, atténué, filtré, donnant la désagréable impression d’une vie possible, mais à moitié seulement.
Ecartées de cinq ou six mètres, les deux parois montaient jusqu’au ciel. Lisses, un peu moussues, elles étaient devenues bien hautes. Peut-être faisaient-elles ici vingt mètres de haut ? Peut-être plus encore ?
Marchant sur un sol recouvert d’un épais tapis de feuilles sèches, les chaussures s’enfonçaient sensiblement, et faisaient un bruit dont je ne savais dire s’il me rassurait...

A quelques mètres devant : un gros bloc.
Tombé de l’un des rebords supérieurs de la faille, il était coincé entre les parois, et obstruait le passage. Cela obligeait à une courte escalade sur deux trois mètres pour le franchir. Je me demandais comment serait la suite, au-delà ?
La petite escalade ne fut pas compliquée.
Devant encore, la faille faisait un angle droit, vers la gauche.
Je ne voyais pas où elle menait.
Et elle se resserrait, aussi…

C’était surprenant : j’étais inquiet, mais continuais d’avancer.

En fait, ce n’était pas de l’inquiétude. Non. C’était de la fébrilité.

Cette fébrilité qui correspond à la découverte d’un endroit inconnu, d’un endroit étonnant, insolite et fort, d’un endroit impressionnant mais attirant…
A la découverte d’un endroit peut-être un peu rare, aussi…

Oui, je sais que c’est cela, ce que je viens chercher, jusqu’ici.
Ces endroits reculés, presque cachés, non répertoriés probablement, sont les fruits colorés et sucrés dont j’aspire à goûter les saveurs.
Certains de ces fruits sont cachés loin des lieux fréquentés, hauts perchés sur des arêtes interminables ou bien encore accrochés dans des faces austères et hostiles.
D’autres, comme celui d’aujourd’hui, sont tout près, mais enfouis dans la végétation et dans les replis d’une roche subtile, presque coquine.
Rien ne les laisserait présager.
Pourtant, ici, il y en a un…
Là peut-être, à côté, en est-il un autre, encore !?
Il faudra sûrement aller voir.
Recherches, trouvailles…
Voyage…
Merveille !!!



Qu’y aurait-il à ajouter à cette petite histoire ?

Ah oui, bien sûr !
A midi moins vingt, je suis passé rendre la carte IGN.
L’homme n’était pas là.
Mais j’ai pu la donner, à la dame qui venait d’ouvrir la porte : de la main à la main !
A midi, je garais la voiture devant la maison, à Seyssinet.
Ce fut une courte matinée.


Le canyon du Rocher de la Fesse
La lucarne  du Rocher de la Fesse
  • Date : 08-09-2008
  • Durée : 1h
  • Dénivelé : 130 m
  • Distance : 2 km


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