Monteynard se réveille dans la fraîcheur du matin, bizarrement c'est samedi et il fait grand beau ! Tous les paramètres sont au vert, rien ne presse, il n'est pas 8h, le balcon est du Vercors brille déjà sous les premiers rayons d'un franc soleil. Qu'il est bon de marcher sur ces sentiers inconnus. En effet je ne suis jamais monté au Connex par ici, c'est donc une première. Comme quoi il y a toujours des choses nouvelles à faire, et c'est ça qui est plaisant. Le sentier d'ailleurs est particulièrement beau, c'est la meilleure option pour atteindre le sommet, ça c'est sur. Bientôt la forêt cède le terrain à une pelouse drue et rase. La végétation n'a pas encore repris ici. Derrière moi s'ouvre le paysage, il est immense où que porte le regard. Bientôt la pente s'estompe,il n'y a plus que du bleu au dessus. Au sommet règne une quiétude unique. Il est juste 10h, le temps est suspendu et rien ne presse, le décor au fond est planté à 360°.
Pour ce qui est des conditions pour le décollage, elles sont presque parfaites. Presque car j'aurais préféré une orientation sud de la brise. Aujourd'hui c'est un petit zéphyr qui vient du nord ouest, à l'opposé du thermique matinal. Parfois fuse une puissante ascendance qui rend folle la flamme. Après 20 minute face aux crêtes immenses qui entourent le sommet, la décision est prise, tant pis pour le thermique, jouons la carte sécurité, la voile est étalée face à la petite brise devant les froides étendues du versant Ouest. L'envol est facile et calme. La brise me tient tout contre les douces pentes nord. Sans prendre la moindre altitude, je longe le relief et décris une très longue courbe vers le sud jusqu'à rejoindre la longue crête qui descend droit vers le soleil. Et là, une puissante brise fait frémir la voile qui m'emporte finalement vers le ciel.
Les rondes s’enchaînent sans la moindre contrainte, le relief est loin, le ciel est uniformément bleu et rien n’arrête la longue ascension. Bientôt le sommet est dépassé, plus rien ne vient accrocher le regard, c'est le grand bleu intégral ! Seul le Mont Aiguille dépasse vers le sud comme une flèche décochée par un géant. Au nord les grands sommets sont drapés de nuages d'ondes éblouissants, une sensation de liberté m’envahit. Mais pourquoi ce n'est pas toujours comme ça les week-ends ? Les nombreux hameaux dans la vallée s'animent, les tracteurs sortent des granges, les habitants partent chercher le pain et le journal. Perché dans le ciel, j'observe tout ce petit manège sans cesse répété. Quelques feux d’écobuages montrent une brise encore inexistante dans la vallée. Rien ne presse, bien sur dans des conditions pareilles on pourrait tenir des heures, partir loin. Mais c'est un autre sport, l'objectif premier est une balade doublée d'un vol pour le retour, rien de plus.
Alors il faut décrocher et se laisser glisser dans l'azur, sitôt le thermique perdu, la voile redevient inerte et stable, ainsi commence le long retour vers le monde des humains. Encore un crochet vers les verts pâturages de La Mure et puis il faut revenir en direction du village de Monteynard. La petite flamme posée ce matin indique une légère brise montante, parfait pour atterrir. Effectivement le posé sera aussi doux que du velours. Bref une sortie délicieuse comme cela faisait longtemps que je n'en avais pas eu.
PS: Cette balade est un repérage Loulou38