Oublié le mauvais temps d'hier, les contrastes sont saisissants, aux pluies torrentielles d'hier succède une lumière éblouissante à travers les brumes évanescentes du petit matin. Les nuages résiduels offrent des paysages où les ombres se disputent avec le soleil... Instants magiques indicibles et encore moins saisissables. Si la neige n'est présente que sur la moitié supérieure du parcours, elle n'en devient pas moins épaisse et pénible à tracer sur les derniers mètres avant le sommet, à l'instar du vent, inexistant au départ et de plus en plus sensible avec l'altitude. Tant et si bien que je doute de plus en plus de l'éventualité d'un retour par les airs.
Les rafales me chahutent un peu alors que j'observe la beauté du monte étendue là, juste à mes pieds. Des rivières de brumes dévalent au ralenti les profondes vallées, les contrastes du matins persistent avec une acuité toujours plus grande, c'est le Ying et le Yang en grand format ! Au bout d'un moment, l'idée de déplier la voile dans cette brise soutenue ne me semble plus vraiment une hérésie, tout au plus une imprudence à peine justifiée, alors, pour mettre toutes les chances de mon côté, j'étale la voile en contrebas du sommet, face au vent qui vient du sud-est, pas exactement dans la direction de l'atterrissage.... La neige collante est parfaite pour empêcher la voile de prendre la poudre d'escampette toute chiffonnée et sans moi.
Et quand la brise faiblit un instant, j'avance résolument vers mon destin... l'angoisse ne dure pas plus d'une seconde, le vent n'est pas si fort puisqu'une fois en l'air, je ne recule pas ! Commence alors une petite séance de cruise devant le sommet. Si Chrigel Maurer se serai taper une bonne heure de rigolade devant le relief, pour ma part je n'en mène pas large. La brise à beau être laminaire, mon aéronef pénètre à peine dans le ciel limpide... tu m'aurais mi une olive dans le derrière que je te faisais un litre d'huile de première pression.... dans ces conditions, la retraite vers des cieux plus accueillants est la seule option envisageable, alors lentement, mètre par mètre je m'avance vers le Sud et des altitudes plus propices à la sérénité.
Mais ce n'est pas pour autant que la pression descend... en effet, après le vent c'est le brouillard qui traîne juste à côté du terrain d'atterrissage... il est poussé par le vent qui dévale encore la gorge du Drac et menace de boucher le seul endroit dégagé... atterrir aux instruments n'est pas vraiment souhaitable compte tenu de la vétusté de mon téléphone.... la fin du vol est une course contre la montre, plus j'approche du terrain, plus le brouillard s'épaissit.... le suspens durera jusqu'a la dernière seconde.
Mais caisse qu'on y aime le parapente !