En fait, c'est une balade que je faisais régulièrement en totale autonomie, du temps où nous habitions à Sassenage au Hameau du Château. Il suffisait de partir au petit jour depuis la maison, et à 10 heures j'étais de retour, frais et dispo pour les nourrissons. Maintenant, depuis Saint Martin le Vinoux, il y a moins d'intérêt à partir d'en bas à pince. Donc je laisse la voiture à Engins. La neige n'est pas épaisse et la progression facile. Je double un groupe imposant de raquettistes. La suite est d'une simplicité biblique, il suffit de suivre cette large piste qui mène à ce coin perdu, le hameau du Sornin. Cet endroit est comme coupé du monde, insensible à son brouhaha et sa futile agitation. Heureux les propriétaires de ces petites maisons perdues sur ce plateau dont la vue sur l'espace est imprenable.
Il me reste à atteindre le sommet du dôme, la neige maintenant bien présente est encore dure malgré le soleil. Mais sur l'arête le vent a fait son travail, c'est tout pelé, seuls quelques ormes tordus par les tempêtes résistent. En tout cas c'est pas aujourd'hui qu'ils vont souffrir, l'air est infiniment calme.
Pourtant ce matin c'était mal engagé, une forte brise de sud traversait la vallée, charriant de lourds nuages bas et gris. Depuis mon belvédère je peux mesurer l'étendue du désastre, une nappe d'air froid est massée sur Grenoble, elle entretient un épais brouillard et surtout un important courant glacé qui dévale le long de l'Isère. J'envisage de décoller pour aller atterrir à Engins. Mais un coup de fil à un ancien voisin du hameau du château (mais toujours ami, pas vrai Milou !) me rassure, la brise est moins forte et le bleu bien présent au dessus de sa tête. Il faut lui faire confiance car du décollage, on ne voit pas grand chose de la vallée.
C'est décidé, je me lance vers la vallée. Après une petite séance de travail de gonflage dans une très légère brise de sud, je décolle pour survoler le hameau du Sornin endormi avant de me diriger vers la vallée. Le gaz est vite important, la vue sur la Chartreuse magnifique, il suffit de se laisser bercer par cette brisette de sud insignifiante. Au dessus du barrage de Saint Egrève, cap au sud, le vent se fait progressivement sentir avec la perte d'altitude, d'une vitesse de 35 km/h, je passe à 30 puis 25 puis 20 puis 15 puis 10..... Face au vent... Punaise le puissant courant qui descend la vallée n'a pas tant molli que ça ! Peu importe les champs sont vastes et les turbulences inexistantes. Une petite inspection pour prendre en considération les quelques lignes électriques qui maillent la vallée et je me mets en approche, Atterrissage pratiquement à la verticale face à cette forte brise. Sitôt au sol, il s'agit d'affaler au plus vite la voile sur cette terre gelée, j'ai pas envie de me faire trainer. J'embobine en vitesse les freins évitant ainsi un effet spi désagréable. Je n'ai pas rassemblé la voile que voilà mon Milou et Evelyne qui arrivent, ça c'est de la logistique !
D'autres photos du topophilippe.belleudy.free.fr/080209_Sornin/ sur le site de Philippe